Est-ce que l’argent est indispensable pour « acheter » une attirance auprès des filles?

Salut! Je suis un homme cis de 20 ans, encore assez inexpérimenté dans tout ce qui est relation. Donc je n’aurai qu’un point de vue « extérieur » que je vois depuis des années maintenant, que j’ai en voyant des gens, proche ou non, autour de moi, à l’école, au boulot, voir sur Internet…

Est-ce que l’argent est indispensable pour, parfois (ou non), « acheter » d’une part une reconnaissance et une attirance auprès des filles cis (et hétéro). Pas forcément pour une relation, ou pour du sexe. Parfois, simplement pour parler, entrer en contact avec elle, elles seront plus facilement ouverte à etre de ouverte à la discussion avec un mec qui en a…
Malheureusement, pendant mon adolecence, j’ai croisé beaucoup de filles, qui pour elles, ils étaient indispensable qu’un mec ai des moyens (pour les plus jeune (14/15 ans +-), ce sera une voiture. Pour les un peu plus vieille, ce sera (une voiture+) des moyens, voir une situation confortable). C’étaient les memes filles qui allaient vite en sortant de l’école pour squater le « skate park » pour chopper un mec qui pouvait leurs offrirs des cadeaux.
Et meme aujourd’hui, beaucoup de femmes que je cotoie ne se voient pas avec un mec « radin » (c’est-à-dire, qui ne paie pas (forcément le restau’), qui n’offre pas de chose ultra-cher, etc…).

Je sais qu’il y a un effet « protecteur » en cela, voir une sorte de relation papa-bébé (ou petite fille) à gater, d’où les (affreux) surnoms « Daddy » et « Baby » que donne certains à leur compagnes/compagnons. Le problème, c’est que je ne veux pas etre un « Daddy », et je ne veux pas d’un « Baby », ni de « devoir » gater le « Baby » pour « garder » quoi que ce soit…
Est-ce mal? Est-ce indigne de l’éthique d’un « homme » cis de ne pas vouloir ce genre de relation? Est-ce mal de ne pas vouloir « chopper » une fille en montrant que j’ai du fric par tel ou tel moyen?

Je trouve ça aussi assez « injuste » qu’un homme ai « le devoir » de tout ça, alors que personne n’exigerai ça d’une fille.

Hello!

Aloooors… J’ai l’impression qu’il y a pas mal de choses que tu superposes, que tu interprètes voire que tu confonds dans tes analyses, peut-être justement parce qu’il s’agit d’une vision « extérieure » comme tu le dis toi-même, ou peut-être parce que tu pars de cas particuliers pour en tirer des conclusions générales un peu rapidement.

En gros, si je comprends bien ta question/vision, les filles/femmes (hétéros) seraient dans leur ensemble (ou au moins dans leur majorité?) vénales,c’est à intéressées en premier lieu par des attributs (de richesse et donc) de pouvoir, de statut social, quitte à se positionner elles-mêmes dans un rôle infantilisant (idée du « sugar daddy », c’est à dire l’homme généralement plus âgé et fortuné, qui pourvoirait aux besoins de sa « protégée » et la couvrirait de cadeaux).

giphy (1)

Pour revenir sur ton premier exemple, celui des adolescentes de 14-15 ans qui rêvaient de sortir avec les garçons qui avaient une voiture, je me demande si c’est vraiment une question de « moyens » (en fait il ne faut pas forcément être hyper riche pour avoir une voiture, il suffit d’avoir le permis et des parents qui t’en prêtent une, par exemple). On peut tout aussi bien imaginer que ce soit l’âge qui plaise alors à ces jeunes filles : des garçons forcément plus âgés s’ils peuvent conduire une voiture, et qui attirent peut-être parce qu’ils paraissent donc plus mûrs, ou mystérieux, expérimentés, hors de portée ou « interdits » -donc excitants, etc… On peut aussi se dire que l’idée d’avoir un moyen de transport (même par procuration à travers ces garçons) procure la sensation d’acquérir une certaine liberté et autonomie par rapport à la cellule familiale, ce qui est hyper attirant quand est ado… Et peut-être que c’est un peu de tout ça, et peut-être que ça dépend juste des filles, de leur âge, de leur éducation, etc. Quoi qu’il ne soit, ça me paraît un peu rapide de n’y voir qu’une façon d’être attirée par « l’argent ».

giphy (4)

Pour ce qui concerne les filles/femmes plus « âgées » (disons les « adultes » même si certaines ne se reconnaissent ou s’identifient pas forcément comme ça), je crois qu’il y a plusieurs trucs qui se jouent. Elles ont, pour la plupart, été éduquées et socialisées en tant que filles/femmes (il serait d’ailleurs intéressant de comparer les représentations et comportements entre femmes cis et trans, c’est à dire entre des femmes socialisées dès le plus jeune âge en tant que telles ou pas…). Et les rôles de genre que l’on nous enseigne, de manière plus ou moins claire et/ou insistante, placent les femmes dans une position inférieure/subalterne par rapport aux hommes. D’ailleurs, en juillet 2015, cela faisait seulement 50 ans que les femmes avaient le droit d’ouvrir et de gérer leur propre compte en banque, sans autorisation ou supervision de leur mari! Cinquante ans cela peut paraître beaucoup, mais pour un changement sociétal et de mentalités, c’est un battement de cil. Aujourd’hui encore, certaines institutions adressent des courrier à l’attention du « chef de famille »! L’idée selon laquelle les femmes passeraient de la tutelle/responsabilité/protection de leur propre père à celle de leur époux est toujours présente dans l’inconscient collectif…C’est un peu une des bases du modèle patriarcal :)

Par ailleurs, le stéréotype selon lequel les femmes s’accompliraient avant tout en tant qu’épouses et mères est toujours extrêmement ancré dans l’esprit de nombreuses personnes. Dans les couples hétérosexuels, l’immense majorité (à peu près 80%) des tâches liées à l’entretien du domicile et à l’éducation/au soin des enfants reviennent aux femmes. Cela peut, pour certaines, impacter leurs études ou leur carrière. Et dans le cas où certaines choisiraient de ne pas avoir d’enfant, ou même simplement d’exiger de leur conjoint une participation égalitaire, le stigmate de la femme incomplète ou de la mauvaise mère ne sont jamais bien loin. Les rôles genrés tendent aussi à pousser les femmes vers des professions peu valorisées (métiers dits du « care » : paramédical, puériculture…), sans oublier qu’à poste équivalent, elles sont toujours largement moins payées, qu’elles sont les premières à avoir des emplois où on leur impose un temps partiel (et donc là encore des revenus plus bas) et qu’on est encore trèèèèèèèès loin d’une représentation paritaire dans les institutions dirigeantes (directions et conseils d’administration des entreprises, Sénat, Assemblée Nationale, Académie française…). Ou l’ordre des chevaliers Jedi :)

tumblr_n02umbflV61qz5q5lo3_500

Ranafout de votre job de princesse, les gars, moi je veux être une Jedi, sisi.

Dans ce cadre, je pense qu’il est largement compréhensible que certaines femmes (hétéros) recherchent en effet chez un partenaire des marques de statut social. Certaines sont peut-être rassurées par le fait que leur conjoint ait une « bonne situation » (par exemple si elles sont issues d’un milieu plus modeste ou n’ont pas la même stabilité d’emploi, pas eu la chance d’accéder au même niveau d’étude, etc). D’autres peuvent voir dans le fait de recevoir des cadeaux des marques d’attention, ou des preuves de leur valeur. Peut-être que certaines de celles qui cherchent un « sugar daddy » ont aussi un truc à régler avec leur propre père (absent, négligent, violent, on peut essayer de se recréer le père aimant et protecteur qu’on n’a pas forcément eu…c’est de la psychologie de comptoir mais ça ne paraît pas fou d’imaginer que ça soit le cas de certaines d’entre elles, pour d’autre c’est peut-être juste sécurisant ou excitant).

Bref, je crois qu’il y a plein de raisons qui peuvent pousser certaines femmes (hétéros) à se tourner, pas toujours consciemment d’ailleurs, vers des conjoints plus aisés qu’elles, et que ça ne relève pas toujours de la manipulation, ou d’une sorte de calcul machiavélique de leur part comme on pourrait un peu facilement le penser.

Après, est-ce que toutes les femmes hétéros s’intéressent D’ABORD au statut social, avant la gentillesse, l’humour, la dextérité au lit ou d’autres qualités? Clairement NON! Certaines seront intriguées par un mec distant (esprit de contradiction bonjour), d’autres craqueront pour un type qui les fait rire, les unes fondront pour un garçon surprenant et les autres pour un homme attentionné et généreux (mais la générosité ce n’est pas forcément offrir des trucs chers, ça peut être simplement penser à laisser un post-it avec un mot mignon sur l’oreiller, ou proposer un massage des pieds après une longue journée, etc etc…).giphy (3)

Bon sinon tu peux laisser de la thune sous l’oreiller haha (je plaisante hein)

Donc ne pas vouloir être un « daddy », c’est à dire, si j’ai bien compris, que tu as envie d’une relation d’égal à égale avec une femme, ce n’est pas « mal », non. Mais il me semble important de réaliser qu’en réalité, une relation hétérosexuelle ne peut, dans l’état actuel de la société, pas vraiment être une relation égalitaire, dans le sens où elle unit des personnes issues de groupes sociaux (une femme et un homme, donc) traités de manière inégale. Je dis ça par rapport à ta dernière phrase, où tu dis trouver « ‘injuste’ qu’un homme ai[t] ‘le devoir’ de tout ça alors que personne n’exigerait ça d’une fille »… Et c’est vrai. Personne n’imaginerait appeler une mère « cheffe de famille », personne ne pense (et beaucoup ne le souhaitent pas) que cela puisse être la femme dans le couple qui puisse gagner plus (dans les faits c’est très rare, ce qui est logique vu ce que j’expliquais ci-dessus). Mais tout ça est lié, et les rôles de genre agissent souvent comme des prophéties autoréalisatrices : on pense que les choses devraient être ainsi (l’homme plus puissant, plus responsable, la femme plus subalterne et docile) et cette répartition des rôles se perpétue, transmise par la famille, par l’école, par les cercles sociaux-culturels, par les médias, par la publicité, etc etc.

Je peux comprendre que cela paraisse « injuste » que certaines femmes considèrent comme un du qu’on leur paye le dîner, par exemple, mais si l’on se penche sur les inégalités et injustices systémiques qu’elles subissent, je crois qu’il y a de quoi relativiser, et contextualiser. Après tout, peut-être que si les femmes étaient traitées de manière équitable à tous points de vue elles payeraient direct leur tournée de champagne et achèteraient des cockrings en diamant à leurs mecs?

giphy (2)

Pour finir, tu parles de « l’éthique d’un homme cis », et j’avoue ne pas vraiment comprendre de quoi il s’agit honnêtement… Quant à « chopper » une fille (bon, disons la séduire…), je ne crois pas que tu aies besoin d’étaler ton fric. Ça parait un peu con et presque trop simple pour être vrai mais je crois que rester naturel, se montrer attentif et à l’écoute de ses passions et envies et essayer de partager les tiennes, ben en fait ça suffit, quoi.

Pfiou désolée pour la lonnnnnnnnnnngue réponse, j’espère qu’elle te parlera!

Bisettes

Cette réponse existe grâce au soutien de @pouhiou sur Tipeee. Merci beaucoup!

Facebooktwittermail

Cet article vous a-t-il aidé ?

Articles liés