[TW] Je lui ai demandé d’arrêter parce que j’avais mal, il a continué, est-ce que je dois considérer ça comme un viol?

J’ai eu un rapport avec mon ex, où nous étions tout les deux consentants. Pendant l’acte, la pénétration me faisait mal et j’ai donc demandé à ce qu’on arrête. Mais il m’a répondu que « ohlala pense à la douleur de l’accouchement ! » et a continué sa petite affaire. Est-ce que je dois considérer ceci comme un viol ?
Merci d’avance pour ta réponse.

Bonjour,

Je vais commencer par la réponse courte : oui ce qui s’est passé peut être caractérisé juridiquement comme un viol.

Pourquoi? Dans la loi, en France, c’est l’article 222-23 du Code Pénal qui traite du sujet, et il définit le viol comme étant « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Dans ton cas, à partir du moment où tu verbalisé un « non » ou un « arrête » et que la personne ne le respecte pas, on est clairement sur un rapport non consenti, c’est à dire un viol s’il y a une pénétration (sinon on parlera d’agression sexuelle comme le précisent les Articles 222-27 à 222-30 du Code Pénal). Le fait qu’il ait répondu à ta demande d’arrêter prouve par ailleurs qu’il l’a bien entendue, il n’y aucun doute possible là-dessus. Il l’a donc entendue et a décidé de l’ignorer. D’un point de vue juridique je pense que c’est assez limpide comme situation (ce qui n’est pas toujours le cas quand, pour diverses raisons, le refus n’est pas verbalisé – mais l’absence de non n’est pas un oui).

A titre personnel, le fait qu’il ait répondu en évoquant la douleur de l’accouchement me paraît particulièrement odieux. Déjà parce que je me demande ce qu’il en connaît, lui, de ces douleurs? Mais aussi et surtout parce que ça montre un mépris de ta personne et de ton ressenti assez insupportable. Tu as mal, tu lui dis que tu as mal, il n’y a même pas à discuter, un rapport sexuel ce n’est pas fait pour ça (sauf si on a envie de se faire mal pour se faire du bien, mais là ce n’était très clairement pas le cas!!!). Se moquer, minimiser ainsi l’expression de ce que tu vivais dans ton propre corps, c’est la marque d’un positionnement de domination et de chosification à ton encontre que je trouve extrêmement grave.

Après, est-ce que toi tu « dois » considérer cela comme un viol? C’est une toute autre question et en fait il n’y a que toi qui puisses y répondre. Pour certaines personnes, mettre ce mot sur une expérience qu’elles ont vécu est extrêmement difficile. Pour d’autres c’est une étape nécessaire pour commencer à vivre avec ce qui leur est arrivé. Il n’y aucune règle par rapport à cela, pas une façon standard ou idéale de se comporter à la suite de tels événements.

En dehors de la décision de porter plainte ou non, qui appartient à chacun·e, il est essentiel de pouvoir parler de ce qui est arrivé. On peut contacter le numéro vert pour mettre fin aux violences faites aux femmes mis en place par le gouvernement au 3919 (de 9h à 22h) ou le collectif féministe contre le viol au 0 800 05 95 95 (attention si on est travailleuse du sexe, voilée ou trans, l’accueil dans cette dernière pourrait laisser à désirer). On y trouve des écoutant⋅e⋅s formé⋅e⋅s pour accueillir et orienter les personnes ayant subi des violences sexuelles, à qui on pourra exposer ce qui est arrivé, ses ressentis, et éventuellement ses craintes et son malaise.

Il existe aussi ce site, pour lequel on peut témoigner en écrivant à tanpmp@gmail.com, et sur lequel on trouve d’autres témoignages qui peuvent aussi aiderSur le blog Philomèle, il y a une liste de psy (majoritairement parisienne) formé⋅e⋅s au psychotrauma. Ces ressources peuvent permettre de s’orienter vers des personnes qui pourront aider à aller mieux, que cela passe par un suivi psy, par un groupe de parole ou encore par le dépôt d’une plainte (ou les trois, il n’y a pas de règle, chaque victime/survivante gère à sa façon, il n’y a pas une formule qui marche pour tout le monde, même si globalement, en parler c’est souvent très bénéfique). Il n’y a rien qu’on « doive » faire, mais ces contacts peuvent aider, accompagner quelle·s que soi·en·t la/les décision·s qu’on va prendre dans les semaines, les mois, les années à venir.

Voilà, j’espère que ça pourra t’être utile d’une manière ou d’une autre,

Plein de pensées et de soutien,

Je t’embrasse

Cette réponse existe grâce au soutien de @PersephoneAJ sur Tipeee. Merci beaucoup!

Facebooktwittermail

Cet article vous a-t-il aidé ?

Articles liés