Mon mec et moi avons des relations égalitaires, nous gérons bien le quotidien mais au lit, j’aime être ultra dominée.

Bonjour :) mon mec et moi avons des relations égalitaires, nous gérons bien le quotidien les idées etc. Mais… Voilà au lit, j’aime être ultra dominée. Au départ il a eu du mal parce qu’il n’avait jamais eu ce type de rapports là avec quelqu’un mais finalement il s’y est ouvert et cette position de dominant pour le sexe lui plaît bien. Sauf que moi, plus ça va plus y a dichotomie entre ce qui me fait clairement kiffer au lit et mon baby féminisme qui me dit qu’être soumises c’est maaal. Comment je fais moi?

Bonjour :)

Alors c’est intéressant parce que ce n’est pas la première fois que j’ai une question de ce type, avec cette sorte de crainte qu’on te retire ton « brevet de féminisme » si tu aimes certaines choses, dont on a intégré qu’elles étaient supposément « dégradantes » voire, pire encore, qu’elles « porteraient atteinte à la dignité de la femme », comme le fait d’être soumise dans tes pratiques sexuelles.

Alors déjà, disons les choses très clairement, pour la partie « dignité de la femme », je ne sais pas qui est cette « Lafâme », sorte d’entité unique et universelle, et moins encore ce que recouvre la notion de « dignité », qui sonne très noble j’en conviens mais aussi très floue. Donc de quoi on parle au juste?

w3Junju

Viens, endiré c’est Laverne Cox « Lafâme », au moins elle est swag :)

Tu le dis toi-même, toi et ton copain entretenez des relations égalitaires au quotidien : c’est déjà extrêmement rare, et notamment pour les couples hétérosexuels cohabitant, puisque dans ceux-ci, les femmes assurent encore l’IMMENSE majorité des tâches ménagères. Point intéressant, dans les couples d’hommes, il semblerait que ce soit souvent celui qui a des caractéristiques péjoratives habituellement liées au féminin – travail moins bien rémunéré, prédomination du rôle réceptif (ou « passif) dans la sexualité – qui écope de la majorité des tâches ménagères. pour l’instant il n’existe à ma connaissance pas d’étude en Français sur la question de la répartition des tâches ménagères au sein des couples de femmes. Tout ça pour dire que si vous avez réussi à répartir de manière égalitaire ces corvées du quotidien et que vous avez par ailleurs des discussions de manière plutôt libre sur le sujet des relations hommes-femmes en général et entre vous en particulier c’est déjà ENORME (oui, comme ma planète).

200

Stormtrooper, disons-le franchement, tu n’y mets pas du tien là.

Après, en ce qui concerne tes goûts sexuels, je pense qu’il n’y a vraiment aucun raison de les juger. Ca ne signifie pas qu’il soit impossible de les analyser, les interroger ou les contextualiser. On vit effectivement dans une société où les hommes dominent, et on peut penser qu’une femme qui se soumet sexuellement à un homme ne fait que reproduire une soumission sociale existante. Bon. Peut-être que c’est le cas, et peut-être que ça t’excite d’autant plus que ça constitue une forme de transgression vis-à-vis des principes qui t’animent dans la vie. Est-ce que ça remet en cause ton féminisme? Certainement pas!

[Selon moi] le féminisme est là pour combattre les inégalités, effectivement, et ouvrir le champ des possibles, pas pour les restreindre. Il serait donc absurde et même contradictoire, de juger tes désirs, fantasmes et/ou pratiques parce qu’elles ne cadreraient pas avec ce que pourrait ou devrait faire une féministe (selon qui d’ailleurs, on ne sait pas trop). Personne (et même pas toi) n’a à te dire ce que tu peux faire ou non, ce que tu devrais désirer ou pas, ce qui devrait t’exciter ou pas, etc. Dans le cadre du consentement éclairé, rien ne mérite d’être jugé « mauvais » ou « dégradant » ou « sale » et certainement pas « antiféministe ».

images.washingtonpost.com

Les femmes ont à se dépêtrer de beaucoup d’injonctions contradictoires au sein de la sexualité et de leur rapport à leur propre corps :  « sois belle » (comprendre : mince mais pas trop, blanche mais bronzée, valide, épilée, parée de jolie lingerie) « sois coquine » (comprendre prête à assouvir les désirs de ton partenaire – car oui, la sexualité des femmes est encore largement pensée comme uniquement hétérosexuelle et dépendante de celle de leurs partenaires) mais « ne sois pas trop dévergondée » (comprendre avoir une sexualité plurielle, minoritaire, autonome et/ou en dehors du couple).

Je crois que c’est déjà suffisamment un énorme casse-tête pour qu’on ne vienne pas EN PLUS juger nos sexualités à l’aune de notre militantisme. Au final, j’ai bien envie de te dire qu’il n’y a rien de plus féministe que de faire EXACTEMENT CE DONT TU AS ENVIE sexuellement comme pour le reste, dans le cadre du consentement éclairé et respect du/de la/des partenaire⋅s qui est juste la BASE.

Voilà, j’espère que ça t’aidera ;)

Bisettes <3

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