Comment faire un premier pas dans l’univers sado-maso pour une débutante?

J’ai toujours eu une sexualité assez ouverte, j’aime faire l’amour, je n’ai pas honte de mon corps et j’aime expérimenter de nouvelles choses. Je suis bie mais je préfère faire l’amour avec des femmes. Quand je fais l’amour, j’ai parfois ce désir d’être dominée, attachée, violentée même quelques fois… Sauf que je n’ose pas le dire à mes partenaires car je sais que ce n’est pas leur truc, et je ne sais pas comment faire pour satisfaire ce profond désir… J’aime aussi dominer quelques fois. La question est : comment faire un premier pas dans l’univers sado-maso pour une débutante comme moi, mais curieuse depuis quelques années ?

Bonjour,

Alors moi j’ai bien envie de commencer par te dire que c’est super cool que tu sois bien dans ton corps et dans ta sexualité de manière générale, que tu saches ce que tu veux, ce que tu aimes, et que tu ne te bloques ou ne te freines pas la plupart du temps dans ce domaine de ta vie. Tu as l’air super à l’aise avec toi-même, ouverte à de nouvelles expériences, et sans trop de prise de tête par rapport à ton orientation sexuelle. Ça fait très plaisir à lire :)

Après, si tu es venue poser une question c’est quand même qu’il y a ce truc qui te turlupine : comment introduire des jeux ou pratiques BDSM dans ta vie sexuelle?

tumblr_msgkpyPKHA1rtoji7o1_500

Premier point, un  petit rappel, ces lettres signifient BD = Bondage & Discipline, DS = Domination et Soumission, et SM = Sadomasochisme. Cela recouvre donc plein de choses différentes, et on peut en aimer tout ou partie ou pas du tout : on peut être attiré⋅e par le côté bondage mais pas par la discipline, ou par la domination mais pas le sadisme, etc.

Déjà, tu dis que ce n’est « pas le truc » de tes partenaires mais je ne peux pas m’empêcher de me demander comment tu peux le savoir si tu n’en as pas parlé? Si ça se trouve un⋅e ou plusieurs de tes partenaires est/sont super branché⋅e⋅s par les situations de domination, les jeux autour de la douleur et du plaisir, des contraintes, etc… Donc mon premier conseil, ce serait surement d’essayer d’en parler avec le/la/les partenaire⋅s avec qui tu as déjà une très bonne entente sexuelle et/ou amicale, avec qui tu te sens en confiance et en sécurité. Il est bien possible que tu sois surprise par ses/leurs réponses!

tumblr_mywxo1f0if1qbjmapo1_r5_400(GIF par Corwin Prescott)

Ensuite, s’il s’avère qu’aucun⋅e de tes partenaires actuel⋅le⋅s n’a envie de se lancer dans ces expérimentations avec toi, comment faire pour se lancer, vers qui se tourner, comment faire pour que ça se passe bien?

Bon, pour rencontrer des personnes qui ont les mêmes envies que toi, on ne va pas se mentir, il n’y a pas 3000 options. Tu as soit le « virtuel » (sites de rencontre spécialisés comme Fetlife, petites annonces sur des sites, forums ou journaux spécialisés qui peuvent éventuellement te permettre de discuter de tes envies – jouets, rôles, pratiques… – avant de rencontrer la personne) soit le « réel » qui peut consister en des ateliers spécifiques (il y en a pas mal autour du bondage – ou shibari, l’art japonais d’attacher les gen⋅te⋅s ) mais il y a aussi des goûters, des repas ou apéros, et bien sûr pas mal de soirées (clic clic ici et puis là et ici pour une soirée avec une immense majorité de meufs). Concernant les soirées, le top serait sans doute d’y aller accompagnée d’une ou plusieurs personnes que tu connais et avec qui tu te sens en confiance parce que sinon ça peut être un peu impressionnant la première fois et intimidant de se retrouver au milieu de plein de personnes qu’on ne connait pas, qui ont des tenues ou des pratiques qui nous plaisent (ou pas) mais ne nous sont pas forcément familières.

tumblr_ni8mq3d2YF1r3ptbfo1_500

Dans un premier temps, et puisque tu dis préférer faire l’amour avec des femmes, je pense que ça peut être pas mal d’aller vers elles pour essayer de te renseigner, en général si tu poses des questions de manière respectueuse, les personnes se font un plaisir de t’expliquer ce qui les branche ou pas, ce qu’elles font ou pas, etc… Elles pourront sans doute aussi te présenter des personnes en qui elles ont confiance et peut-être te conseiller d’en éviter d’autres. Non pas que le milieu BDSM soit « dangereux » par essence, puisque dans bien des cas, la culture du consentement explicite y est beaucoup plus développée que dans la sexualité « vanille » (classique, si tu préfères). Mais comme n’importe où, il peut y avoir des personnes pas safe, et elles peuvent faire des dégâts donc autant les éviter.

Au début, tu peux tout à fait choisir de participer à une soirée en temps que « simple » spectatrice, ou même regarder une séance sur un site dédié (il y a des sites de cam comme chaturbate ou cam4 par exemple qui proposent ce genre de scènes), afin de tâter un peu le terrain, voir si ça te tente vraiment de passer du fantasme à sa concrétisation…

ba7ed99242deac3f79f19a71e35aae7b.500x269x18

Pour que tes premières expériences se déroulent dans les meilleures conditions possibles, je pense qu’il peut être bien de prendre le temps de réfléchir de ton côté à ce que tu recherches, ce qui t’attire, ce qui pourrait te tenter, ce que tu ne veux absolument pas faire, quelles limites infranchissables tu souhaites poser. Tu peux t’aider d’une « checklist BDSM ». C’est le type de choses qu’un⋅e dominateur/trice est amené⋅e à te demander AVANT de commencer une séance et qui lui permettra de t’accompagner dans la réalisation de tes envies tout en respectant les barrières que tu auras mises en place en lui expliquant ce qui est ok ou pas, acceptable ou non ou peut-être. Si tu es avec un⋅e partenaire plus « switch » (qui est ouvert⋅e pour échanger les rôles) , ielle peut aussi en remplir une et vous pouvez vous les montrer. Cela ne veut pas dire que c’est un document qui t’engage ou t’oblige à quoi que ce soit, et cela n’empêche pas de discuter par ailleurs (cela s’appelle la « négociation »). Vous serez sans doute aussi amené⋅e⋅s à définir un « safe word » (mot de sécurité, utilisé pour tout arrêter si on ne se sent pas bien, en général on évite « non » ou « stop », qui peuvent être intégrés dans le jeu, et on choisit un truc qui n’a rien à voir avec le contexte, comme « choucroute » ou « hippopotame ») et éventuellement un « safe geste » qui remplace le « safe word » dans les situations où on ne peut pas parler (par exemple quand on a un baillon dans la bouche). Enfin, dans le BDSM aussi on peut se protéger des risques d’IST ou de blessures, comme c’est détaillé dans ce cool petit guide « Fais-moi mal mais fais-le bien« .

dominatrix

Pour terminer, il peut être bien de prévoir ce qu’on appelle « aftercare », c’est à dire prendre soin de soi et de son/sa/ses partenaire⋅s APRÈS une séance, car il peut y avoir un contrecoup ce qui est logique puisqu’il s’agit de pratiques plus ou moins intenses physiquement et psychologiquement. Donc c’est pas mal de se laisser un temps pour atterrir en douceur, manger ou boire quelque chose, écouter de la musique, se faire des câlins -ou pas, ça dépend de votre relation.

Voilà voilà, j’espère que ça pourra t’aider :)

Bisouilles

<3 <3 <3 Merci pour leurs conseils et relectures @AssoPolyvalence, @Pr0z3, Misungui, Gwen*, Chloé et Aude <3 <3 <3

Cette réponse existe grâce au soutien de @Rigolhot sur Tipeee. Merci beaucoup!

Facebooktwittermail

Cet article vous a-t-il aidé ?

Articles liés